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René Plaissetty

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René Plaissetty
Description de cette image, également commentée ci-après
René Plaissetty en 1919.
Naissance
Chicago, Illinois
Nationalité Drapeau des États-Unis Américaine
Décès (à 65 ans)
Los Angeles, Californie
Profession Réalisateur
Scénariste
Producteur

René Alexis Plaissetty est un cinéaste et producteur de cinéma franco-américain, né le à Chicago et mort le à Los Angeles.

Fils d'Achille Plaissetty[Note 1], chimiste et homme d'affaires et de Corinne Bonnecaze, professeur de chant, René Plaissetty naît le à Chicago.

En 1907, il vient vivre en France en et s'y marie peu après avec Yvonne Lacroix, championne de France de patinage artistique en 1908[1] dont il a deux filles, Jacqueline en 1909 et Micheline en 1911. Avec le concours d’autres administrateurs, il crée sa société de production Filma[2],[Note 2]. Dynamique, il fonde dans le même temps une autre société, Plaissetty et Cie[2],[Note 3]. Dans son ouvrage Kino : Histoire du cinéma russe et soviétique, Jay Leyda fait remonter les débuts cinématographiques de René Plaissetty à 1909 en Russie[3],[Note 4]. Celui-ci y aurait ainsi tourné à vingt ans The Adventures of Harry Wilson in Russia, avec Edmund van Daële dans le rôle de Wilson. Parmi les épisodes des aventures du célèbre détective Harry Wilson, on peut citer La Trace (1913) et La Main invisible (1914).

En 1914, il est rapatrié aux États-Unis comme citoyen américain au début de la Première Guerre mondiale. René Plaissetty s'installe successivement avec sa famille à La Nouvelle-Orléans, à New York et à Philadelphie.

Le 1er février, 1915, il fonde la Coquille Film Company dans l'espoir de pénétrer le marché américain[4]. Il recrute des acteurs comme Klas Van Heel, et des natifs de La Nouvelle-Orléans comme Leatrice Zeidler et Lucy Leveque[5]. En 1915, il met en scène son premier film américain Her Great Match à Philadelphie. Il travaille d'abord pour Lubin Studios puis pour la Metro Pictures Corporation pour laquelle il réalise une série de comédies mélodramatiques avec comme principaux interprètes Gail Kane et E. K. Lincoln.

En 1916, il séjourne à New York de janvier à juin puis revient par bateau en France où il débarque à Bordeaux avant de venir à Paris. La même année, il séjourne en Italie pour diriger pendant quelques mois une entreprise cinématographique à Turin[6].

En 1917, après avoir pris contact avec Charles Pathé, il devient metteur en scène à la Société cinématographique des auteurs et gens de lettres. Dans son travail, il manifeste un sens prononcé de l'indépendance et une grande faculté d’adaptation. Il tourne avec Gabrielle Robinne dans Le Vol suprême ou avec Claude Garry dans L'Heure sincère et enchaîne la réalisation de films témoignant d'un goût pour la culture populaire américaine.

En 1919, il met en scène son premier long-métrage Vers l'argent avec Mary Massart. Il n’a que trente ans et possède cependant une connaissance approfondie des métiers du cinéma. La même année, René Plaissetty, qui avait provisoirement abandonné la production, crée une nouvelle entreprise : L'Usine René Plaissetty[7],[Note 5]. En 1919, il dirige également La firme René Plaissetty[8],[Note 6]. Celle-ci se charge de perforer, développer, tirer, virer, teinter monter les films, titres, photos d’art et agrandissements. Assisté par le jeune réalisateur Jean Caussade, il en assure la direction technique et artistique. Il multiplie alors les contacts avec des auteurs reconnus comme l'écrivain Jules Mary qui écrit pour lui un scénario, La Torture[9].

René Plaissetty, en 1916.
René Plaissetty, en 1954.

Les questions techniques le passionnent : il met ainsi au point et commercialise un complément de l'appareil de prise de vue, le dispositif R. Plaissetty permettant notamment l'obtention d'un dégradé décentrable avec avance et recul à l'objectif[10]. Au-delà des aspects techniques, René Plaissetty s'attache aux moindres détails de la mise en scène et dans son ouvrage La Foi et les Montagnes, ou le Septième Art au passé, son confrère Henri Fescourt évoque notamment le "maquillage Plaissetty" très apprécié alors.

En janvier 1920, confiant l'administration de son usine à son assistant, il part pour Londres où il reprend le chemin des studios avec Mary Massart qui devient son égérie. Ses longs-métrages anglais de 1920 et 1921 réalisés pour la Stoll Film Co[11],[Note 7] sont remarqués par les critiques pour leurs qualités esthétiques et thématiques comme l’étrange Yellow Claw, d’après une histoire de Sax Rohmer.

En 1922, il revient à Paris et tourne chez Gaumont (dans la série Pax) Mon p'tit avec Léontine Massart, sœur de Mary. Toujours chez le même producteur, avec Mary Massart, il met en scène une adaptation du roman de Maurice Level, L'Île sans nom. Ce film mouvementé (on y voit notamment un naufrage) reçoit un accueil public et critique très favorable, en raison de l’originalité du sujet et de l’utilisation dramatique d’un nouveau mode de communication, la TSF.

En 1923, René Plaissetty estime le cinéma américain plus adapté à ses projets. Il repart donc aux États-Unis avec Mary Massart qu'il épouse à Los Angeles (ils auront la même année un fils, Francis Léo) et fait la rencontre du réalisateur et producteur Edwin Carewe. Il lui propose aussitôt l’adaptation d’un roman de Louise Gérard A Son of the Sahara publié en 1922 à New-York. Plaissetty, Carewe et leur équipe quittent l’Amérique et arrivent en Algérie. Après de multiples problèmes avec la population locale, le film (une épopée à travers le désert avec Claire Windsor, Bert Lytell et dans un petit rôle, Joe Hamman) sort en outre-Atlantique mais demeure inédit en France. René Plaissetty poursuit sa production américaine en 1924 avec deux films The Link et La Fumée jaune.

En 1925, il revient à Paris pour tourner un film court dont l'originalité surprend public et critiques, J'ai fait du pied pour avoir la main, comédie interprétée par quatre acteurs dont l’actrice Nicole Robert dont on ne voit que les pieds et les mains.

En 1926, le metteur en scène retrouve Nicole Robert pour Le Faiseur de statuettes tourné dans les studios Gaumont, reconstituant les décors d’un Montmartre d’artistes et de noceurs. En 1927, son film Chignole datant de 1919 ressort avec un nouveau prologue sous le titre La Grande Envolée.

Le cinéaste cherche à faire aboutir plusieurs projets en France puis en Amérique. Il retourne finalement en France et réalise son dernier film en 1931 à l’âge de quarante-trois ans : Chair ardente. Ce film tiré d’un roman de Lucie Delarue-Mardrus raconte la liaison violente entre une bourgeoise et un voyou durant trois jours. Chair ardente, œuvre originale en marge du cinéma conventionnel ne rencontre pas le succès et clôt la carrière d’un cinéaste encore jeune. René Plaissetty décide de rentrer en Amérique et ne produit dès lors plus de film.

En 1943, il fait néanmoins une apparition comme acteur dans le film Mission to Moscow où il incarne Robert Coulondre, ambassadeur de France à Berlin au début de la guerre, sous le pseudonyme Alex Caze.

René Plaissetty meurt le à Los Angeles. Il est enterré au cimetière de Montebello en Californie.

Filmographie

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Affiche pour son film muet La Sonnette du Diable. Drame fantasmagorique d'Anicet Bourgeois et P. Guerville, par Cândido de Faria, 1910-1919?. Collection EYE Film Instituut Nederland.

Notes et références

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  1. Achille Plaissetty est un chimiste et hommes d’affaires né à Ayacucho le 13 février 1851 et mort à Sydney le 3 septembre 1917. Ses travaux ont notamment porté sur la fabrication des manchons à incandescence utilisés à partir de la dernière décennie du XIXe siècle pour éclairer les rues des villes, principalement en Europe et en Amérique du Nord, ainsi que les phares maritimes. Dans des ouvrages ou revues où sont évoqués Achille ou René Plaissetty, leur nom de famille est parfois orthographié Plaisetty.
  2. Filma était une marque pour désigner des films cinématographiques et fut déposée le 20 septembre 1913 par René Plaissetty, 54 rue Rennequin à Paris. L'annuaire du Cinéma Mendel (1914) signale également à cette adresse une société Bessan, Plaissetty, Agelou et Cie dont le service technique était au 1, rue Armand-Gauthier à Paris et qui commercialisa la marque Delta (Amour et biplan, mars 1913).
  3. Plaissetty et Cie était située 6, rue Daunou à Paris.
  4. Désireux de voyager, René Plaissetty choisit de tourner la série Harry Wilson dans des décors exotiques authentiques. Accompagné de son assistant et opérateur Granier, il se rendit en Russie seulement muni d'une lettre de recommandation d'un résident français de Saint-Pétersbourg. Il put ainsi tourner à Saint-Pétersbourg, Moscou et Varsovie.
  5. L'Usine René Plaissetty était située 119, rue de Fontenay à Vincennes.
  6. Les bureaux de la Firme René Plaissetty étaient situés 10 bis, rue de Châteaudun à Paris.
  7. La Stoll Picture Production fit construire en 1919 le plus important studio de Grande-Bretagne à Criklewood où travaillèrent en permanence cinq troupes et plusieurs metteurs en scène comme Maurice Elvey, Harold Shaw et René Plaissetty.

Références

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  1. Le Figaro, 31 décembre 1909, page 7.
  2. a et b Revue 1895.
  3. Jay Leyda, Kino : une histoire du cinéma russe et soviétique, L'Age d'homme, pages 44 et 45.
  4. Balio, Tino, Struggles for Control. The American Film Industry, Madison : University of Wisconsin, 1976.
  5. Moving Picture World 23 (Mars 1915) : 860.
  6. L'Abeille de la Nouvelle-Orléans du 18 juin 1916.
  7. Hebdo-Film du 19 juillet 1919 (n°29).
  8. Hebdo-Film du 16 août 1919.
  9. Le Film du 15 novembre 1919 (n°165).
  10. Hebdo-Film du 4 octobre 1919 (n°40).
  11. Georges Sadoul, Histoire générale du cinéma.

Liens externes

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